dimanche 22 janvier 2012

Le génie des élèves: en toute logique...

Ma stagiaire me rejoint dans la cour à l'instant où je récupère la joyeuse classe de sixième. Tous les élèves portent, en plus de leurs cartables, des sacs remplis de matériaux. Nous montons les escaliers.
- Arrête de pousser!!
- C'est pas moi, c'est derrière.
- Aïe, aïe, aïe...
- M'sieur, vous pouvez lui dire qu'il arrête de me tirer le cartable?!!
- Arrête de lui tirer le cartable!!
- M'sieur, ma mère elle a pas voulu que je prenne les moules de coquilles saint-Jacques.
- M'sieur, ma mère elle demande si vous voulez des pots de yaourts en verre mais propres?!
- Pas vrai monsieur qu'on n'a pas le droit de commencer le travail à la maison?!!
- Aïe, aïe, aïe...
- Attention, tu vas m'écraser mes verres en plastique!!
- Haaaaaa!! Y'en a qu'on craché parterre.
- Attention, y'en a qu'on craché parterre!!
- Haaaaa!!! C'est dégueulasse...
- Ouais, c'est dégueulasse.
Comme une colonie de fourmis, les élèves évitent l'obstacle, puis ils reprennent la marche en avant.
- Monsieur, je peux ouvrir la porte??
- Non, c'est moi!! Vous me l'aviez promis.
- Monsieur, j'ai pris des baguettes chinoises, mais mon père y veut les récupérer.
- Monsieur, j'ai apporté du sucre en poudre et du sel, c'est bien???
- C'est génial!!!!
Avec la stagiaire, nous sommes emportés par le courant du fleuve agité. Je me tourne vers elle.
- Ils sont en forme.
- Oui, je vois.
Nous arrivons dans le dégagement et je donne la clé à l'élève "élue".
- Monsieur, c'est pas juste, vous aviez dit que c'était moi!!
L'élève met un quart d'heure pour ouvrir car elle ne veut pas lâcher son sac de matériel, son cartable, sa veste à capuche qui traîne au sol, et sur laquelle elle marche allègrement.
- Tu veux de l'aide??
- Non monsieur, c'est bon.... Voilà!!
La porte s'ouvre, et trois élèves s'engouffrent en même temps. A cause des cartables qu'ils ont au dos, ils restent coincés. Je les regarde, et je ne peux m'empêcher de rire. Ils poussent, poussent, jusqu'à ce que l'un d'eux décide de faire marche arrière. Les deux autres soudainement libérés, sont projetés en classe, il n'y a pas d'autres mots. Ils sont rouges, décoiffés, mais follement heureux. Tous les élèves suivent et prennent place dans la salle ensoleillée. Je demande à ma stagiaire d'entrer, et de se mettre où bon lui semble. Devant moi, une petite élève me regarde fixement, et d'un air entendu chuchote.
- C'est votre femme?!!

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