Micropost: vide poches.

Micropost: vide poches.

Micropost: vide poches.

Au fond des poches, on trouve parfois des choses étranges...

Le génie des élèves et de ceux qui le furent: la vraie vie d'U.L.I.S.

Note du 26/10/12.
Les coulisses d'une Odyssée.
En atelier d'arts plastiques de 10h à 11h.
- Quand tu ne vois plus dans le cadre, et ce que tu devais voir se prolonge en dehors de ce cadre, tu dis que c'est... c'est...???
- Hors vision??
- Ha c'est pas mal. Mais ce n'est pas ça.
- Hors-jeu??
- Et bien justement, celui qui n'est plus dans le jeu, il est hors-jeu OK!! Celui qui n'est plus dans le concours il est??? Il est????
- Il est nul?!!
Rires.
- Non, celui qui n'est plus dans le concours, il est hors-concours. Alors, ce qui n'est plus dans le cadre est hors...????
- hors-d'oeuvre?!
Rires.
- Non, ce qui n'est plus dans le cadre est hors...???
Silence.
- Hors...??
- Hors-cadre!!!
- Excellent, hors-cadre.
Le petit "E" qui jusqu'alors était derrière moi et n'avait rien dit, me glisse.
- Mariotti, on est vraiment hors-sujet, hein???
- Non, on fait juste du hors-piste.

Le génie des élèves et de ceux qui le furent: la vraie vie d'U.L.I.S.

Note du 19/10/12.
Les coulisses d'une Odyssée.
A l'heure du "dérushage", je tombe souvent sur des petites perles.
De 9h à 10h en atelier céramique.
- Mais madame "B", qu'est ce qu'on va en faire de tous ces poissons??
- Et bien, monsieur Mariotti va les filmer, et ils seront projetés sur le grand écran pendant le spectacle.
- Ha ouais, comme il avait fait avec le village des indiens l'année dernière!!??
- Exactement, cela servira de décor pour le voyage d'Ulysse.
- Mais y sont pas trop clairs??
- On va en faire des foncés.
- Défoncé(s) du cerveau???

Demain, c'est le grand oral. J'espère que le projet séduira autant qu'il me passionne. Je vous tiendrai au courant.

Le génie des élèves et de ceux qui le furent: la vraie vie d'U.L.I.S.

Note du 23/10/12.
Les coulisses d'une Odyssée.
A la fin de l'atelier d'arts Plastiques, je projette toujours aux petits U.L.I.S ce que nous avons réalisé durant toute l'heure. J'adore cet instant où nous découvrons les images d'une portion de vie partagée. Lorsqu'il s'agit de stop motion (pixilation) la magie opère toujours. Comme moi, les enfants sont subjugués par l'illusion du mouvement malgré le peu de photos prises. Les images mentales (celles qui font la liaison) sont difficilement identifiables et compréhensibles si l'on n'a pas expérimenté cette technique. D'ailleurs, le fait que chaque élève soit concentré sur une tâche bien précise (compter, déplacer des corps ou des objets, appuyer sur un déclencheur, dessiner, effacer, etc...) implique tout un groupe dans un projet commun et concret. Je suis convaincu que cette division des opérations pour un même travail peut être étendue à d'autres disciplines sous forme d'exercices ludiques (mathématiques, français, histoire et géographie...), pour des élèves qui ont des troubles de l'apprentissage. Compter sur son camarade et avoir confiance en lui dans une situation de résolution de problème, entraîne chez l'élève une appétence qu'il n'a pas forcément seul, lorsqu'il s'agit de comprendre et donc, d'être en danger. J'ai, en ce qui concerne ma matière, des résultats surprenants, même au niveau du comportement. Je prends des notes de façon informelle, on verra bien.
 Vendredi 26, une personne haut placée et influente vient nous rencontrer au collège afin que je lui présente le projet du documentaire, images à l'appui. Certaines portes pourraient s'ouvrir et notre aventure prendrait une autre dimension. Elle commence déjà à faire parler d'elle. Mon ambition ultime c'est de voir ce film sortir en salle. Rêvons...

Le génie des élèves et de ceux qui le furent: la vraie vie d'U.L.I.S.

Note du 19/10/12.
"Dérushage": une scène déjà culte.
A la fin de l'atelier céramique de ma collègue, L allume le robinet pour se laver les mains. Mais un appel d'air fait sortir un bruit de mitraillette de la tuyauterie défaillante: tacatacatacata...
 Instantanément tous les petits U.L.I.S improvisent en la mimant, une scène de fusillade digne de Scarface de Brian de Palma. Ils rient aux éclats et moi, devant mon écran d'ordinateur, je  fais comme eux.
Malgré le boulot titanesque d'une telle entreprise, je prends un énorme plaisir à archiver et classer tous les rushs.
Le documentaire commence à prendre corps, et j'en suis ravi.

Le génie des élèves et de ceux qui le furent: la vraie vie d'U.L.I.S,

Note du 19/10/12.
Aujourd'hui, j'ai réalisé une série d'interviews des petits U.L.I.S. Le résultat est très beau.  Guillaume (mon frère) est passé à la maison voir les rushs et la bande annonce. Son oeil extérieur et professionnel m'a été d'une grande aide, pour ne pas dire secours. Il m'a conseillé de vraiment me consacrer à la captation des images sans me soucier pour l'heure, de la structure du documentaire. Il a aussi beaucoup apprécié la série d'interviews. Je suis très heureux qu'il soit passé car il est toujours difficile de prendre du recul sur un travail aussi difficile dans sa mise en oeuvre comme dans l'investissement personnel qu'il demande. Parfois, j'ai l'impression de ne plus avoir la distance nécessaire.
Merci Guigui pour ton oeil juste, l'oeil de mon frère...

Le génie des élèves et de ceux qui le furent: quel compliment!!!

Note d'aujourd'hui.
De 10h à 11h avec une classe de sixième.
A la fin de la séance, un petit élève vient vers moi avec un sourire qui lui déchire le visage.
- Monsieur, avec vous c'est pas une heure de cours.
- Ha non, et c'est quoi???
- Une heure de paradis!!!
Mais élèves me disent souvent merci à la fin d'une heure, mais jamais on ne m'avait aussi joliment complimenté.

Micro-post: vide poches.

Gurlk et son maître.

Le génie des élèves et de ceux qui le furent: déjanté.

Note d'aujourd'hui.
En plus des incitations de cours "classiques", je donne tous les mois à mes élèves de quatrièmes et de troisièmes des sujets à faire à la maison. Il s'agit de courts-métrages de deux minutes maximum, génériques de début et de fin compris. Souvent, ils dépassent cette contrainte de durée et comme je suis très sévère, je ne dis rien. Ces petits films sont pris très au sérieux par les élèves et permettent d'installer dans la classe une véritable émulation, pour ne pas dire compétition. De l'intimiste à la super-production, chaque projection est un véritable instant de bonheur partagé. Voici ma dernière proposition...
" Franz Danzel Aimé Frinkleburgonstill junior est un éminent professeur de la prestigieuse université d'Harvard. Responsable du très réputé département "innovations et inventions qui ne changeront pas la face du monde" le célèbre I.I.C.F.M, il passe sa vie dans les laboratoires du sous-sol de l'établissement. Littéralement absorbé par ses recherches (il a déjà découvert la casquette sans visière, ce qui évite de la perdre quand il y a du vent. Il a aussi mis au point l'alphabet à l'envers, ce qui permet d'écrire à l'endroit à l'aide d'un rétroviseur) il sacrifie sa famille sur l'autel de la science. D'ailleurs, sa femme et ses enfants l'ont quitté voilà un an, et il ne s'en est toujours pas rendu compte. Ce soir, il teste sa dernière découverte qui lui vaudra sans doute un prix Nobel: un vaccin anti je-n'ai-pas-d'amis. A l'instant où il s'injecte le sérum...
Racontez-moi la suite qui comprendra obligatoirement une scène de transformation.
Je leur projette la mythique séquence de transformation du film de Jerry Lewis: docteur Jerry et mister love, 1963.
Pour ce sujet, je m'attends à des merveilles...

Le génie des élèves et de ceux qui le furent: mistral gagnant.

Note du 12/10/12. Bis.
En classe avec des troisièmes de 9h à 10h.
Il fait beau comme une fin d'année. De ma classe, les cimes des arbres crépitent comme un feu de camp sous les caresses d'un vent qui se lève. Demain, il y aura du mistral et le ciel sera bleu. Il l'est aujourd'hui, mais son azur est encore tâché de nuages tantôt gris aux ventres roses, tantôt blancs aux crêtes vaporeuses. Demain, à la même heure du matin, l'horizon sera de feu. Par les fenêtres entrouvertes, des voix lugubres nous rappellent qu'il fera bientôt froid.
Je m'extirpe de mes pensées lorsqu'un élève me demande.
- Monsieur, on peut commencer??
Oui, demain l'horizon sera de feu.

Le génie des élèves et de ceux qui le furent: comme une âme en peine.

Note du 12/10/12.
Il y a une semaine, j'ai donné cette incitation relativement difficile à des troisièmes que je connais très bien.
Fiche de cours.
Titre: J'ai perdu ma trace, j'ai trouvé ma place.
Thématique: l'errance.
Incitation:
" J'ai le pressentiment que quelque chose ne sera plus comme avant. C'est peut-être là la vraie définition de l'errance, de sa quête, avec sa solitude et sa peur. C'est le désir que je cherchais, la pureté, la remise en cause, pour aller plus loin, au centre des choses, pour faire le vide autour de moi. Je me dois de me laver la tête... pour rencontrer le centre d'une nouvelle image, ni trop humaine ni trop contemplative, où le moi est aspiré par les lieux quand le lieu n'est pas spectacle, ni surtout obstacle. Il faut vivre cette quête qui est la mienne...
 Elle arrive à un moment, ni bon ni mauvais, elle est nécessaire... Pour être juste, cette errance est forcément initiatique... Mon regard va changer... Cette quête devient la quête du moi acceptable".
Texte de Raymond Depardon (photographe) tiré de son livre "Errance", édition du Seuil, 2000.
Vous devrez réaliser à l'intérieur du collège et sur deux séances un reportage (vidéo, photographique ou dessiné) qui montre cette quête initiatique  dont vous êtes le sujet (l'objet d'étude).
Définitions.
Errance: situation de déplacement constant sans but. Qui voyage au hasard. Fait de s'égarer, de faire fausse route, de flotter. Volonté de ne pas se fixer.
Pressentiment: sentiment vague qui fait prévoir, craindre ou espérer.
Quête: action par laquelle on cherche.
Initiatique: première introduction à certaines choses secrètes ou élevées. Premiers pas que l'on fait faire à quelqu'un pour lui faire découvrir une nouvelle discipline.

Nous avons longuement débattu de cette incitation en nous appuyant sur des travaux d'artistes.
Certains élèves, sont directement partis filmer dans les couloirs du collège, d'autres sont restés en classe à se creuser la tête ou, à tourner en rond. A ceux-là, je signalais qu'ils étaient déjà dans l'errance, et qu'ils pouvaient tirer bénéfices de ce départ vers l'inconnu.
Aujourd'hui, au tout début du cours, R (qui participe aussi au documentaire U.L.I.S et qui a de solides bagages techniques en cinéma) s'approche de moi avec son I.PAD.
- Monsieur, j'ai fait un premier montage , mais je crois qu'il y a des choses à reprendre.
- Cela te dérange si l'on appelle tes camarades pour qu'ils profitent de ton travail comme de tes doutes??? Tu sais, c'est intéressant de voir l'oeuvre entrain de se faire.
- Oui, ça m'est égal.
Tout le joli petit monde prend place, je fais le noir complet, branche l'IPAD au vidéo projecteur.
Le petit film nous montre l'élève marcher dans les couloirs. En voix off, il lit le texte de Raymond Depardon. C'est court et puissant. Tous les élèves sont émus, c'est sans doute la première fois qu'un artiste, par l'intermédiaire d'un camarade, les touche autant.
Ce qu'il y a de très intelligent dans son film, c'est le fait d'avoir utilisé trois points de vues à l'aide d'un chariot de cantonnier (comme travelling). Trois fois, il a réalisé le même parcours mais cadré différemment: le visage face, le dos, et les pieds en gros plan(s). Après, sa virtuosité dans le montage a fait le reste.
Une fois la projection terminée, nous avons juste convenu que la voix off devait être ré-enregistrée.
Mon rêve serait d'envoyer ce travail à Raymond Depardon. Non, mon rêve serait que l'artiste vienne nous parler et, le temps d'une séance, travailler avec mes élèves.

Le génie des élèves et de ceux qui le furent: un lapsus mal venu.

Note du 05/10/12.
Dans l'atelier des petits U.L.I.S de 10H à 11h.
- Mariotti, quand j'appuie ça marche pas.
- Est-ce que l'appareil est allumé??
- Heuuuu, j'sais pas, j'vois pas.
- C'est à gauche, la molette argentée. Mets la sur "on"!!
- La quoi???
- La m... le bouton.
- Là ???
- Oui, vas-y, tourne! C'est bon???
- Ouais Mariotti, c'est bon.
- Alors maintenant tu peux appuyer pour prendre la photo. Mais avant d'appuyer à fond, tu attends le petit signal sonore qui signifie que la mise au point est faite.
- J'arrive pas, je tremble.
- Mais que veux tu que j'y "fesse", si tu trembles.
Tous les élèves se mettent à rire de bon coeur. Alors j'enchaîne.
- Je suis un peu fatigué en ce moment.
Et pendant un bon quart d'heure, à intervalles réguliers, ils ont répété.
- Que veux-tu que j'y "fesse".

Le génie des élèves et de ceux qui le furent: un esprit Dadaïste.

Note d'aujourd'hui.
Au Lycée, pour l'option obligatoire d'histoire des arts en terminale, je fais un cours sur John Cage. Il y a une semaine, je parlais de l'influence de Dada chez le musicien américain. J'insistais beaucoup sur la poésie Dadaïste et le rôle du hasard (le cut-up, entre autre).
 Ce matin, alors que les élèves s'installent lentement dans la longue salle, une élève s'approche de moi.
- Monsieur, ce que vous avez raconté la semaine passée, m'a beaucoup intéressée.
- Ha merci!! C'est un compliment qui me permet de commencer la journée du bon pied.
- Je suis allé voir sur le net des poèmes Dada(s). C'est super rigolo la façon dont ils sont fabriqués: découper des mots dans les journaux puis les assembler de façon hasardeuse...
- Oui??
- Et bien, j'en ai fait un.
- Super, tu vas nous le lire. Tu peux venir au milieu de la salle et te mettre en scène.
- C'est vrai, je peux??
- Bien sûr, ou on est Dada ou on ne l'est pas.
L'élève se lève en saisissant avec assurance sa feuille.
- Tu as découpé tes mots dans quel journal??
- Dans le règlement intérieur du Lycée.
- Bravo, c'est déjà un geste Dadaïste.
- Je lui ai même donné un titre.
- Lequel??
- Le censeur Dadaïste.
- C'est rigolo. Ce titre est construit sur une antinomie, et les dadaïstes sont par nature anti-censure. Mais bon, c'est joli, tu peux commencer.
- Hum, hum... Poème Dada:" Aux expressions des objets confessionnels unit en question
                                               il fait objet des interdits commercial d'éducation
                                               Aux documents de son anonyme doit contribuer pour les élèves
                                               les affiches sont sauvages d'intérêt l'affiche est prohibée
                                               collective d'information et d'Affichage principaux pour politique
                                               doit porter des êtres faisant des affiches en tout
                                               Communiquer donc même général les panneaux appellent conseiller
                                               d'une disposition et peut ou doit aucun a eu affichage d'expression
                                               des offres sur les caractères à texte de cas il me nature".

Le génie des élèves et de ceux qui le furent: la vraie vie d'U.L.I.S.

Note du 08/10/12.
Avec toute l'équipe pédagogique des U.L.I.S, nous avons présenté le projet de documentaire. Après un exposé oral sur l'intérêt d'une telle aventure, j'ai projeté la bande annonce. Je dis bande annonce, mais le terme d'ambiance serait plus approprié. Lorsque le petit film de 6mn30 s'est terminé sur une belle citation d'Homère tirée de l'Odyssée:" On se rappelle toujours de l'hôte qui vous a montré de la bienveillance", et que les applaudissements retentirent, je compris que nous avions gagné. Tous les parents ont signé le document sur le droit à l'image. Au moment de nous quitter, un papa est venu me voir pour me saluer. Je lui demandai.
- Alors, vous en pensez quoi??
- Tant qu'ils ne sont pas martyrisés!!!
Cette réponse d'un père dont les yeux humides parlaient bien plus que la voix, me laissa perplexe.
Je tiens aussi à remercier les élèves qui participent à cette aventure pour leur présence lors de cette réunion de présentation. Romain et Charles (troisièmes), Clément (aujourd'hui en seconde, mais que tous les lecteurs de ce blog connaissent) et Pauline ( Villa Arson ). Toutes ces personnes passionnées ont en commun d'être ou d'avoir été mes élèves. Cette filiation inter-générationnelle, est aussi l'un des rouages essentiel du documentaire.

Le génie des élèves et de ceux qui le furent: la vraie vie d'U.L.I.S.

Note du 05/10/12.
Je suis allé filmer les petits U.L.I.S dans leur classe. Il y avait une jolie ambiance. J'ai capté des instants incroyables, où l'on voit des élèves heureux de vivre ensemble malgré les différences.
Lundi 8, je présente le projet de film aux parents. J'espère qu'ils accepteront de signer le document sur le droit à l'image.
Avec mon fils Louis, nous avons passé l'après-midi à réaliser une bande annonce. Le résultat est de toute beauté. J'espère simplement que le documentaire ne s'arrêtera pas à ces quelques minutes d'images. Dans trois jours, je serai fixé...

Le génie des élèves et de ceux qui le furent: la vraie vie d'U.L.I.S.

Note du 28/09/12.
Les petits U.L.I.S traversent la cour en stop motion.
- Position, photo, ok!!
Les élèves descendent de la palette, la font avancer, remontent et changent de pose.
- Position, photo, ok!!
Et puis, ils recommencent.
Les premiers rushs du documentaire sont superbes. Ils reflètent une certaine joie de vivre, et l'enthousiasme d'un projet commun hors normes. Mais quel boulot!!!!!

Le génie des élèves et de ceux qui le furent: subjectif.

Note du 28/09/12.
Nous sommes dans les couloirs du collège. Les quatrièmes ont deux séances pour répondre à l'incitation suivante: montrez moi l'instant où l'imaginaire rencontre le réel et réciproquement. Je donne trois références: Un chien Andalou (Bunuel), Le horla (Maupassant), Fauna (Fontcuberta). Comme souvent avec moi, les techniques sont mixtes, alors...
Trois élèves sont suivis par une caméra go-pro, fixée au ras du sol sur le chariot à balais. Ils se retournent, la caméra subjective se retourne. Ils reprennent la marche, la caméra aussi. Ils se retournent à nouveau, la caméra fait de même. Ce petit manège dure quelques instants. Puis ils accélèrent, et la caméra "suiveuse" accélère. Ils courent en jetant les cartables au sol pour aller plus vite, mais la caméra les évite et se rapproche à toute vitesse de ses "victimes". Le plan est superbe, c'est du Stanley Kubrick version Chining. Alors que les trois acteurs disparaissent à l'angle du couloir, j'entends.
- Ha oui, il faut que je vous prévienne. Vous croiserez souvent les élèves de M Mariotti, notre professeur d'Arts Plastiques. D'ailleurs, il ne devrait pas être loin, enfin j'espère...
J'arrive en courant, et tombe sur monsieur le principal. Il est accompagné d'une dame. Mes élèves essoufflés restent statiques et attendent ma première réaction. Ils ne sont pas déçus lorsque je m'adresse aux deux adultes d'un air entendu.
- Ha, vous êtes les figurants??? Nous avons commencé sans vous. Il faut passer voir le régisseur afin qu'il vous donne les costumes et...
- Monsieur Mariotti???
- Oui??
- Je vous présente Madame (...), notre nouvelle principale adjointe.
- Ha??!
Le principal sourit, et comme il donne le "la", nous sourions tous. Il y a vraiment des collèges où l'on se sent bien.