Le génie des élèves et de ceux qui le furent: garde à vue...

Cet été, notre collège a été rénové. Enfin, toute l'administration a été rénovée. L'architecte a semble-t'il privilégié l'open space. Je n'ai rien contre, mais je n'ai pas grand chose pour. Le bureau des surveillants ressemble à un commissariat de sitcom télé avec sa banque en arc de cercle, sa salle d'attente avec banquettes, et ses parois vitrées qui donnent sur le grand hall. Il est habillé d'un gris souri qui ne sourit pas trop. Donc, je rentre dans ce décor un peu aseptisé afin de signaler à la CPE mon absence de demain afin qu'elle puisse avertir les classes de la première et dernière heure. Oui, la rentrée est vieille de deux semaines et je suis pour la deuxième fois convoqué pour un stage. Vous savez, ces stages pour nous expliquer la nouvelle réforme de la formation des professeurs??? Bref, je rentre dans le bureau du commissaire Navarro, et là, je tombe sur deux petites élèves assises sur la banquette assortie... assortie... assortie à rien. Elles ont la mine déconfite mais esquissent un sourire lorsqu'elles me voient. Je les observe avec un regard dur, celui du policier qui vient interroger les suspects. La CPE est derrière la banque assortie... assortie... assortie à rien et me lance un sourire. Je lui réponds d'un rictus de connivence et m'adresse aux deux petites filles.
- Bon, nous avons eu de nouveaux éléments. Votre garde à vue est prolongée de 24h. Vous pouvez téléphoner à un proche. Tout ce que vous allez dire à présent, pourra être retenu contre vous.
Je me tourne vers la CPE.
- Elles sont au courant de leurs droits...
- Oui, je viens de les lire.
- OK. Bon, mesdemoiselles vous pouvez appeler un avocat. Si vous n'en avez pas, il sera commis d'office.
Les deux élèves me fixent en souriant sans savoir si c'est du lard ou du cochon. Et je continue.
- Sinon, je peux m'occuper de votre défense, je suis comique d'office.
La CPE et les deux "accusées" éclatent de rire.